Critique de cinéma - Yuki et Nina, par la 6°4

Jeudi 28 janvier, la 6°4 a assisté à une représentation du film franco-japonais, Yuki et Nina, sur l’aimable proposition du Select.
De retour au collège, la classe s’est réunie au CDI pour discuter du film et rédiger l’article suivant, composé des textes de chacun :

"Cette histoire est à la fois réaliste et merveilleuse. Yuki est une petite fille de neuf ans qui est d’origine japonaise et française. Sa meilleure amie s’appelle Nina et a neuf ans. Au début, le film est réaliste car tout se passe normalement. Les parents de Yuki vont divorcer et sa mère veut l’emmener au Japon, mais Yuki n’en a pas envie. Donc elle décide de fuguer. Yuki se retrouve au milieu de la forêt de Fontainebleau et en continuant sa route elle se retrouve au Japon, ce qui est merveilleux. Nous comprenons qu’elle est au Japon par le chant des cigales japonaises, par le paysage de maisons plates et par l’arrivée de petites filles qui lui parlent en japonais.

Elle rencontre une grand-mère, s’amuse avec des petites filles, dans une ambiance japonaise (elles étaient pieds nus, sur un tatami sans chaises ni tables). Elle va jouer avec elles aux ouisitis : elle se sent ainsi comme chez elle parce qu’en France ils ont le même jeu, mais tout le monde parle japonais, et la grand-mère amène un goûter japonais : le thé et des gâteaux. La vieille dame est en fait imaginaire. Les enfants et elles sont en fait une sorte d’introduction au Japon, ce qui va mettre Yuki en confiance. Yuki va comprendre que ce monde est tout à fait normal et qu’elle peut y être à sa place. Cela pourrait nous faire penser à Alice au pays des merveilles ou au Voyage de Chihiro (que l’on a vu en cours). Cette rencontre donne envie à Yuki de rester au Japon Nous vous conseillons de voir cette histoire merveilleuse."

Il n’est pas toujours facile d’écrire ce qui vient facilement aux lèvres... Un mot du professeur donc, pour évoquer d’autres très belles idées qu’a suscité ce film chez les élèves, dont certains voyaient peut-être pour la première fois ce qu’on peut appeler un film d’auteur :

 la question des silences, a beaucoup questionné les élèves. Pourquoi y en avait-il tant ? Invités à réfléchir au fait que dans la vie réelle, il y avait justement beaucoup de moments où nous étions sans parler (au coucher etc.), certains ont remarqué que, justement, dans les films, les paroles s’enchaînaient toujours : voilà une belle façon de découvrir par quoi peut passer le réalisme au cinéma ! Un élève a toutefois fait remarquer que, dans la vie, notre silence est plein de nos propres pensées, et pas aussi vide qu’au cinéma... mais c’est alors à nous d’imaginer ce que les personnages se disent...

 la question du passage brutal du réalisme au merveilleux en a perturbé certains, qui, ne pouvant comprendre la fin du film, ont été décontenancés. Mais la compréhension de ce passage a suscité un débat très intéressant. A la fin du film, la petite fille revient par hasard avec sa mère sur les lieux de sa rencontre magique : la maison est abandonnée, pas de vieille dame ni de fillettes. Mais la mère se souvient y être venue enfant... la grand-mère était-elle un esprit japonais, un kami ? La façon dont le merveilleux et le réel se rejoignent (l’endroit magique existe bien) nous a permis de comparer le voyage de Yuki aux voyages initiatiques de Chihiro, ou d’Alice au pays des merveilles...

Merci encore au Select pour son accueil, en espérant que nous avons ouvert une porte pour nos élèves vers un cinéma plus subtil et discret, où un mot dit à la place d’un autre, un souffle retenu, un paysage de forêt sous la pluie, où surnagent deux parapluies, a du sens...